La contrefaçon a détruit 100.000 emplois en Europe

Les mafias se sont emparées du marché du faux, dont le chiffre d’affaires mondial est évalué à 136,5 milliards.

Selon un rapport des Nations unies rendu public vendredi 14 décembre, le marché du faux a causé la perte de 100.000 emplois en Europe. Son chiffre d’affaires mondial s’élèverait à 136,5 milliards d’euros (200 milliards de dollars), précise l’Organisation de coopération et de développement économiques. Le nombre d’articles saisis par les douanes a grimpé de 88%, entre 2000 et 2006, passant de 68 à 128 millions.

Activité majeure des mafias

La contrefaçon est devenue une activité principale pour les mafias internationales, qui exploitent le filon à la même hauteur que pour les trafics d’armes, de drogues ou d’êtres humains. Le document de l’institut des Nations unies spécialisé dans la recherche et l’information sur la prévention du crime et la justice indique à titre d’exemple que: “le coût de production d’un logiciel d’ordinateur copié est estimé à 20 centimes d’euros alors que son prix de vente peut atteindre 45 euros, ce qui représente un gain très supérieur à un gramme de cannabis vendu en moyenne 12 euros pour un coût de production de 1,52 euro”. Et les peines sont encore faibles.

Santé & sécurité des consommateurs en jeu

Les dommages sont essentiellement économiques quand il s’agit de l’habillement et de la chaussure. En revanche, c’est la santé et la sécurité des consommateurs qui sont en cause lorsqu’il s’agit de médicaments, d’aliments, et de pièces pour l’automobile ou l’aviation. L’industrie automobile parle d’un marché des fausses pièces détachées à 12 milliards de dollars. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) évalue elle qu’entre 7 à 10 % des produits pharmaceutiques vendus dans le monde sont potentiellement contrefaits. La proportion peut monter à 20% dans les pays de l’ex-Union soviétique et jusqu’à 40% dans certaines régions d’Afrique. Dans l’Union européenne, les saisies de produits pharmaceutiques ont augmenté de 383% entre 2005 et 2006, à 2,7 millions de pièces.

Création d’un Observatoire international permanent

Les auteurs du rapport pointent du doigt les Triades chinoises, les yakuzas japonais, la Camorra napolitaine et la mafia russe. “Cette activité a une double fonction pour ces organisations criminelles. C’est une source de financement pour d’autres activités illégales, et un moyen de recycler l’argent sale.” Pour remédier à ce fléau, Sandro Calvini, directeur de l’Unicri, a annoncé la création d’un Observatoire international permanent. Cette instance permettra de centraliser les données, de mutualiser les expériences et de coordonner les actions pour “accélérer la riposte”. Le rapport préconise encore “de renforcer la coopération entre secteurs public et privé, de créer des codes de conduite et des protocoles d’enquête communs, d’adopter des procédures informatiques intégrées pour évaluer le risque, d’intensifier le dépistage des stratagèmes utilisés par les contrefacteurs, de sensibiliser davantage producteurs et consommateurs”.

Articles liés: Le rapport de l’Unicri

challenges.fr, 14 Dec 2007

Modulo di contatto